L’automne, le temps du ralentissement et des récoltes intérieures
Chaque année, à mesure que les jours raccourcissent, la nature nous invite à ralentir. Les arbres se dévêtent, la terre s’endort peu à peu, les animaux font leurs provisions.
L’automne, c’est le temps de la récolte des derniers fruits, des dernières courges, du bois qu’on empile pour l’hiver.
Mais c’est aussi le moment de récolter en soi ce qui a mûri durant les mois de lumière.
Les peuples anciens vivaient au rythme des saisons : chaque période de l’année avait sa fête, son sens. À cette époque, on célébrait la fin du cycle agricole avant d’entrer dans la grande période de repos de la nature.
Samhain, pour les Celtes, marquait le passage entre deux mondes, la fin d’une année et le début d’une autre.
Les fêtes des morts à travers le monde
De nombreuses cultures ont gardé, à cette même période, des célébrations en lien avec les morts et les ancêtres.
Dans la tradition chrétienne, la Toussaint (le 1er novembre) et le Jour des morts (le 2 novembre) sont dédiés au souvenir des défunts. On fleurit les tombes, on évoque ceux qui nous ont quittés, dans un geste à la fois de mémoire et d’amour.
En Amérique latine, el Día de los Muertos est une fête vibrante de couleurs : les familles installent des autels décorés de bougies, de fleurs de souci et d’offrandes pour accueillir les âmes des proches disparus.
Loin de la tristesse, c’est une célébration joyeuse, une façon de maintenir le lien invisible entre les vivants et ceux qui les précèdent.
D’autres traditions, du Japon au Maghreb, connaissent elles aussi des moments de recueillement où l’on honore les ancêtres, leur demandant guidance et protection pour traverser les mois sombres.
Samhain, le voile qui s’affine
Chez les anciens Celtes, Samhain (prononcé « Sa-ou-in ») marquait la fin de la belle saison.
La nature s’éteignait doucement, les récoltes étaient rentrées, et le peuple se préparait à l’hiver.
C’était aussi la nuit où le voile entre les mondes devenait plus fin, permettant aux âmes de venir visiter les vivants.
Les feux de Samhain étaient allumés pour protéger, purifier et guider les esprits.
Cette période nous invite à honorer nos lignées, à remercier ceux qui ont ouvert la voie avant nous, à reconnaître les héritages qu’ils nous ont transmis : forces, talents, mais aussi blessures et fardeaux parfois.
C’est un temps d’introspection, de gratitude et de réconciliation.
🌳 Rituel méditatif : se relier à l’arbre de ses ancêtres
Je vous invite à vivre cette méditation comme un pont entre les mondes, une rencontre intérieure avec votre arbre généalogique.
Installez-vous confortablement.
Fermez les yeux et laissez venir l’image d’une colline doucement éclairée par la lumière dorée de l’automne.
Vous commencez à monter le sentier, en écoutant le souffle du vent et le craquement des feuilles sous vos pas.
Au sommet, un grand arbre vous attend : massif, bienveillant, profondément enraciné.
Vous vous asseyez contre son tronc.
Sentez son écorce chaude dans votre dos, sa force tranquille qui vous enveloppe.
Peu à peu, vous sentez que votre respiration se cale sur le rythme de la sienne.
Vos jambes deviennent ses racines ; votre souffle circule dans son bois.
Vous devenez l’arbre.
Sur les branches au-dessus de vous apparaissent peu à peu des silhouettes familières : vos parents, vos grands-parents, vos arrière-grands-parents…
Chaque génération se place sur sa branche, dans une douce lumière.
Vous ne voyez pas tous les visages, mais vous sentez leur présence, bienveillante.
Une sève lumineuse se met à circuler depuis vos racines jusqu’à leurs branches, et redescend vers vous.
Ce flux relie toutes les générations : la vie, l’amour, la mémoire.
Laissez cette énergie descendre en vous, nourrir votre cœur et vos reins.
Vous êtes le fruit vivant de cet arbre immense.
Respirez longuement, en ressentant le soutien de vos ancêtres derrière vous.
Remerciez-les pour leurs expériences, leurs forces, leurs leçons.
Et sentez que vous aussi, vous devenez le tronc solide qui portera de nouvelles branches.
Honorer, trier, libérer : le travail sur les lignées et les mémoires
Samhain n’est pas seulement un moment pour honorer les ancêtres ; c’est aussi une porte ouverte sur la libération des mémoires.
Nos lignées nous transmettent bien plus que des traits physiques ou des histoires de famille : elles nous lèguent des empreintes énergétiques, parfois porteuses d’élan, parfois de poids inconscients.
Dans nos cellules sommeillent ces héritages :
des dons, des forces, des valeurs ;
mais aussi des schémas de peur, de manque, de culpabilité, de soumission…
Des « casseroles » parfois lourdes à porter, comme des serments anciens, des dettes symboliques ou des blessures répétées.
Samhain est un temps idéal pour faire le tri :
Remercier ce qui, dans la lignée, vous soutient et vous inspire.
Libérer ce qui ne vous appartient plus, ou que vous choisissez consciemment de ne pas reproduire.
Car il y a le contexte familial, et il y a ce que l’on décide d’en faire et la manière d’y réagir.
Ce discernement intérieur est une forme de liberté.
Les anciens Celtes nettoyaient leur maison de fond en comble avant Samhain, croyant que les esprits malicieux entraient chez ceux qui avaient laissé la poussière et le désordre s’installer.
Cette symbolique reste juste aujourd’hui : nettoyer ses mémoires, c’est ouvrir l’espace pour accueillir la lumière nouvelle.
En conclusion
Samhain, comme la Toussaint, nous rappelle que rien ne meurt vraiment : tout se transforme, se transmet, s’allège.
Honorer ses ancêtres, c’est reconnaître la chaîne de vie dont nous sommes un maillon, et lui rendre sa dignité.
Mais c’est aussi choisir, en conscience, ce que nous continuons à porter et ce que nous déposons avec gratitude.
Ce temps de l’année nous invite à nous alléger, à clarifier nos racines pour mieux préparer la renaissance du printemps.
Car c’est dans l’obscurité de l’hiver que se prépare la lumière du renouveau.
