L’automne s’installe doucement, avec sa lumière dorée, ses matins plus frais et ses soirées qui s’allongent. Les journées s’écourtent, les feuilles se parent de cuivre et d’or avant de quitter les arbres, et la nature tout entière semble nous inviter à faire de même : laisser partir, ralentir, revenir à l’essentiel.
Après l’agitation de la rentrée, ce temps de bascule nous rappelle que chaque fin contient déjà un recommencement. Comme les arbres qui se délestent de leurs feuilles pour préparer le renouveau du printemps, nous sommes invités, nous aussi, à alléger ce qui pèse pour accueillir la saison froide avec plus de sérénité.
L’automne est une saison de passage : entre la vitalité expansive de l’été et le repli intérieur de l’hiver. En Médecine Traditionnelle Chinoise, elle correspond à l’élément Métal, symbole de clarté, de discernement et de purification. Le Métal nous enseigne l’art de faire le tri : reconnaître ce qui a encore de la valeur dans nos vies et laisser partir le reste. C’est un mouvement subtil, souvent intérieur — un besoin de rangement du cœur et de l’esprit.
Nos poumons, organes de la saison, participent à ce tri. Ils inspirent le neuf, expirent le superflu, et gardent ce qui nourrit notre vitalité. C’est pourquoi cette période est si étroitement liée à la respiration : respirer, c’est déjà se libérer. Prendre un instant chaque jour pour inspirer profondément, sentir l’air circuler, c’est offrir à son corps un espace de calme, une parenthèse dans le rythme souvent effréné de la reprise.
À mesure que les jours raccourcissent, la lumière change — plus basse, plus douce, presque dorée. Elle éclaire autrement : moins de puissance, mais plus de profondeur. Ce sont les dernières lueurs chaudes avant la saison froide, et elles nous rappellent de profiter encore de la chaleur du dehors… pour mieux nourrir celle du dedans.
C’est le moment idéal pour cultiver les liens qui réchauffent : un repas partagé, une promenade en famille, une soirée tranquille à la maison. L’automne nous invite à retrouver la chaleur humaine, celle qui nourrit autant que le feu ou la soupe du soir.
Il y a, dans ces moments simples, une forme de protection naturelle : un cocon qui nous prépare doucement à l’hiver.
Cette saison met aussi en lumière notre besoin de recentrage. À force de courir, de répondre aux exigences du quotidien, nous oublions parfois que notre équilibre dépend avant tout de notre capacité à revenir à nous-mêmes. L’automne nous tend la main pour cela : il offre un ralentissement, un espace pour écouter ce qui se joue à l’intérieur — les émotions qui émergent, la fatigue à reconnaître, les envies nouvelles qui pointent.
Accueillir l’automne, c’est accepter ce mouvement : celui d’un retour vers soi, d’une énergie qui se concentre et se dépose. C’est un temps de préparation — physique, émotionnelle, énergétique — où l’on renforce ce qui nous structure : notre souffle, notre ancrage, notre capacité à rester présent, même quand le monde extérieur se refroidit.
Alors que le vent se lève et que la pluie s’invite, prenons ce temps comme une chance : celle de respirer plus lentement, de savourer la lumière avant qu’elle ne s’efface, et de se rassembler autour de ce qui compte vraiment.
L’automne n’est pas une fin, mais un retour à l’essentiel.
Un temps pour se fortifier, se ressourcer, et laisser germer en soi ce qui éclora au printemps.
“Quand la nature ralentit, elle ne s’éteint pas : elle prépare en silence la vie qui viendra.”
Et si, cette année, nous suivions son exemple ?
Et si, cette année, nous suivions son exemple ?